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LES MILLE ET UNE NUITS,

marchois encore lorsque la nuit me surprit. Ne sachant où j’étois ni où j’allois, je cherchois alors quelque abri pour me mettre à couvert, quand j’aperçus au clair de la lune, et tout près de moi, deux énormes serpens, l’un roux et l’autre blanc, qui se battoient. Touché de compassion, sans savoir pourquoi, en faveur du serpent blanc, je ramassai une grosse pierre, et la lançant de toutes mes forces, je visai si juste, que j’écrasai la tête de l’autre serpent.

» Le serpent blanc s’enfuit aussitôt en sifflant, et disparut à mes yeux ; mais il revint un moment après, accompagné de dix autres serpens aussi blancs que lui. Ils s’approchèrent de l’animal terrible que j’avois étendu mort sur la poussière ; et après l’avoir mis en pièces, et ne lui avoir laissé que la tête, ils prirent la fuite, et s’éloignèrent avec la rapidité d’une flèche.

» Comme j’étois occupé à réfléchir sur la singularité de cette aventure, j’entendis tout près de moi, sans