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CONTES ARABES.

tenant je n’ai plus de fille ; je n’ai plus aucune consolation dans le monde… Allez donc, sortez à l’instant d’ici ; car il m’est impossible de souffrir votre vue plus long-temps. »

» Je me retirai chez moi, profondément affligé d’avoir été l’instrument de la perte d’une personne qui m’étoit devenue si chère, quoique je ne l’eusse vue que quelques instans. Je cherchai partout mon singe pour lui raconter mon aventure ; mais toutes mes perquisitions furent inutiles. Je reconnus alors que c’étoit lui qui m’avoit enlevé mon épouse, après m’avoir engagé par ses insinuations perfides à briser le talisman qui mettoit obstacle à l’exécution de ses desseins sur elle. Furieux d’être le dupe de ce génie rebelle, je déchirai mes vêtemens, je me meurtris le visage, et résolus de ne pas rester plus long-temps dans un pays où j’avois perdu ce que j’avois de plus cher au monde.

» Je sortis donc de la ville, je m’enfonçai dans un désert, et je