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CONTES ARABES.

rien manger. Attaf s’aperçut que son hôte ne mangeoit pas, et lui en demanda la raison. « J’avois beaucoup d’appétit lorsque je dînai, répondit Giafar ; peut-être je m’y suis trop abandonné, et c’est pour cela que je ne puis souper. »

Attaf fit aussitôt desservir, et invita son hôte à se coucher. Giafar se mit au lit, mais il lui fut aussi impossible de dormir qu’il lui avoit été impossible de manger. Il pensoit continuellement à la jeune personne qu’il avoit vue à la fenêtre, poussoit de profonds soupirs, et disoit en lui-même : « Heureux celui qui pourra te posséder, ô soleil de beauté, lune du temps ! »

Giafar passa la nuit dans ce cruel état, ne pouvant fermer l’œil, et ne faisant que s’agiter et se retourner dans son lit. Il se trouva si fatigué le lendemain matin, qu’il n’eut pas la force de se lever. Attaf, étonné de ne pas le voir paroître, entra dans sa chambre, et lui dit :

« Vous m’inquiétez, Seigneur ; il