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LES MILLE ET UNE NUITS,

sur sa mule, et rentra chez lui le cœur serré. Sa mère l’aperçut, et voyant qu’il avoit l’air chagrin, lui demanda ce qui lui étoit arrivé ?

Alaeddin rendit compte à sa mère de la conversation qu’il venoit d’avoir avec les jeunes marchands, des railleries qu’ils s’étoient permises sur son compte, et lui témoigna qu’il vouloit absolument voyager. Sa mère tâcha d’abord de le détourner de ce dessein ; mais voyant qu’elle ne pouvoit réussir, elle lui demanda où il avoit dessein d’aller ? « Je veux, répondit Alaeddin, me rendre à Bagdad, où, selon ce que je viens d’entendre, l’on pourroit facilement doubler son capital. »

Quoique sensiblement affligée de se séparer d’un fils qu’elle aimoit tendrement, la mère d’Alaeddin lui promit de parler à son père, et de l’engager à lui donner une pacotille proportionnée à sa fortune. Alaeddin, déjà impatient de partir, conjura sa mère de lui donner elle-même des objets dont elle pouvoit disposer,