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CONTES ARABES.

du magasin à la maison, et de la maison au magasin. »

« Vous devez, lui dit un des jeunes gens, avoir bien envie de voyager ? »

« Qu’ai-je besoin de voyager, reprit Alaeddin ? Ne puis-je pas rester tranquille chez moi sans me donner tant de peine ? »

Les jeunes gens se mirent à rire de sa réponse, et le taxèrent entr’eux, mais assez haut pour qu’il pût l’entendre, de couardise et de timidité. Il ressemble, disoit l’un au poisson qui meurt hors de l’eau : il ne pourroit vivre s’il quittoit la maison paternelle. Il ne sait pas, disoit un autre, que ce sont les voyages qui forment les hommes, qu’on ne s’instruit qu’en voyageant, et qu’un marchand qui n’a pas parcouru les pays les plus éloignés ne peut pas savoir le commerce, ni jouir dans son état d’aucune considération.

Ces railleries piquèrent si vivement Alaeddin, qu’il sortit sur-le-champ, les larmes aux yeux, monta