Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IX.djvu/194

Cette page a été validée par deux contributeurs.
186
LES MILLE ET UNE NUITS,

fit monter sur une mule, et prit avec lui le chemin du quartier des marchands.

En voyant passer leur syndic, suivi d’un beau jeune homme qu’ils ne connoissoient pas, les marchands se mirent à jaser sur son compte, et à concevoir la plus mauvaise opinion de ses mœurs. « Notre syndic, disoient-ils, n’a-t-il pas de honte de se conduire ainsi à son âge ? » Le naquib, ou chef des marchands, qui jouissoit d’une grande considération parmi eux, leur dit aussitôt : « Nous ne devons pas souffrir qu’un homme qui s’affiche ainsi publiquement soit désormais notre syndic. »

Les marchands avoient alors coutume de se réunir tous les matins dans le marché, où leur naquib leur lisoit le premier chapitre de l’Alcoran, et de se rendre au magasin de leur syndic, auquel ils souhaitoient le bonjour après lui avoir fait une seconde lecture de ce même chapitre. Ils se séparoient ensuite, et chacun retournoit à ses affaires.