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CONTES ARABES.

n’étoit pas marié. Attaf lui ayant répondu qu’il étoit marié : « Pourquoi, reprit Giafar, ne couchez-vous point auprès de votre épouse ? »

« Seigneur, repartit Attaf, mon épouse ne trouvera pas mauvais ce que je fais, et ne m’en aimera pas moins. Ne seroit-il pas en effet malhonnête à moi, de laisser seule une personne aussi considérable que vous, et d’aller passer la nuit auprès de mon épouse ; de me lever ensuite demain matin, et de me rendre seul aux bains ? En agir ainsi seroit, à mon sentiment, montrer un grand défaut de politesse, et manquer aux égards qu’on doit à un Seigneur aussi distingué. Assurément, tant que vous me ferez l’honneur d’habiter ma maison, je ne vous quitterai pas pour aller tenir compagnie à mon épouse ; mais je resterai auprès de vous jusqu’à ce que vous retourniez à Bagdad. »

Giafar ne put s’empêcher de remercier d’abord Attaf, et dit ensuite en lui-même : « Ceci est étonnant, et