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CONTES ARABES.

pour le recevoir. Quand il rentra, elle s’avança vers lui avec empressement, et lui souhaita le bon soir ; mais il la reçut fort mal, et lui dit qu’il n’avoit pas besoin de son bon soir.

Interdite d’un accueil aussi froid, elle fit servir le souper, et le pria de se mettre à table. « Je ne veux rien manger, lui répondit-il. » En même temps il repoussa du pied la table où le souper étoit servi. « Pourquoi donc, lui dit-elle, ne voulez-vous pas souper, et quel sujet vous donne tant d’humeur aujourd’hui ? »

« Vous-même, répondit le marchand avec aigreur. Ce matin, en ouvrant mon magasin, j’ai vu tous les marchands nos voisins entourés de leurs enfans, et je me suis dit en moi-même : « J’ai été bien bon de jurer à ma femme, la première nuit de nos noces, que je n’en épouserois point d’autre qu’elle, qu’aucune esclave ne deviendroit sa rivale ; enfin, que je ne passerois jamais une nuit hors de chez moi. Je ne pré-