« Garde-toi, reprit Iahia, d’entrer dans ton palais : quitte à l’instant ces lieux, et obéis à l’arrêt du destin qui doit décider de ton sort, et qui a préparé les événemens qui vont s’accomplir en toi. »
Giafar, docile aux avis de son père, monta aussitôt sur une mule qui se trouvoit à la porte de son palais, et prit le chemin de Damas. Après un voyage long et fatigant, pendant lequel il ne lui arriva rien de remarquable, il se trouva à la pointe du jour dans cette vallée délicieuse, appelée le Gouthah de Damas[1], qui s’étend à plus d’une journée de chemin à l’entour de la ville.
Quoique triste et inquiet, Giafar ne put voir, sans plaisir, ces lieux regardés avec raison comme le premier des quatre Ferdous, ou Paradis de l’Asie[2], et qui passent même pour
- ↑ Le mot Gouthah désigne en arabe un endroit fertile, abondant en eau et planté d’arbres.
- ↑ Les quatre Ferouds, ou Paradis terrestres, selon les Orientaux, sont les environs de Damas ; ceux de Samarcande, appelés Sogd, d’où l’on a formé le nom de Sogdiane ; la vallée de Bewan en Perse, et les bords de la rivière Obollah, près de Basra.