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CONTES ARABES.

pressions assez fortes pour peindre son ravissement. Chaque jour il entendoit son épouse chanter, et s’accompagner de la guitare ou du tambourin, et chaque jour il l’entendoit avec un nouveau plaisir.

Mais tandis que ces jeunes époux couloient ensemble d’aussi heureux jours, Hegiage[1], gouverneur de Koufa pour le calife Abdalmalek ebn Merouan, ayant entendu vanter les charmes et les talens de Naam, conçut le projet de l’enlever, et de la remettre entre les mains du caiife. Il croyoit lui faire un présent d’autant plus agréable, qu’il étoit bien sûr que le calife n’avoit dans son sérail aucune femme dont la beauté pût être comparée à celle de Naam, et qui chantât aussi bien qu’elle.

Hegiage, pour venir à bout de

  1. Célèbre capitaine arabe, gouverneur, et pour ainsi dire maître absolu de l’Iraque et de plusieurs autres provinces, sous le calife Abdalmalek, le cinquième de la dynastie des Ommiades. (Voyez la Bibliothèque Orientale de d’Herbelot, pag. 442.)