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CONTES ARABES.

la nuit dans la plus cruelle impatience. L’aurore vint ranimer le lendemain son espoir ; mais son attente ne fut pas moins vaine que le jour précédent. Il souffroit depuis trois jours toutes les horreurs de la faim et de la soif, lorsque le quatrième jour il vit, au lever de l’aurore, sortir du sein des flots deux nymphes qui s’entretenoient ensemble.

« Savez-vous qui est assis là sur le bord de la mer, disoit l’une ? » « Je l’ignore, répondit l’autre. »

« C’est le prince Habib, reprit la première. Il est épris des charmes de la reine Dorrat Algoase, et cherche a pénétrer jusqu’aux lieux où elle fait sa demeure. » « Comment, répondit la seconde, peut-il aspirer à Dorrat Algoase, et espérer de parvenir jusqu’à elle ? Il ne sait donc pas qu’elle est séparée de lui par un océan dangereux qu’on ne peut traverser en un an, et sur lequel on est exposé à mille périls, auxquels les hommes les plus expérimentés ne peuvent échapper ? Qu’en dites-vous, ma sœur, croyez--