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CONTES ARABES.

avons prodigué les soins qu’il avoit droit d’attendre de notre attachement ; mais tous nos efforts ont été inutiles : il a expiré dans nos bras, en prononçant le nom de Dorrat Algoase. »

Dès que l’émir Selama eut appris cette nouvelle, il arracha ses habits, se couvrit la tête de poussière, et s’écria : « Ô douleur, ô désespoir ! Je t’ai perdu, mon cher Habib, toi dont la naissance mit le comble à mes vœux, toi qui faisois la gloire et le bonheur de ton père ! Devois-tu périr ainsi à la fleur de ton âge ! Étoit-ce là le destin réservé à tant de valeur ! »

La mère du prince accourut à ces tristes accens, et dit aux chevaliers : « Pourquoi ne m’avez-vous pas rapporté le corps de mon fils ? Je l’aurois enseveli de mes mains, et je lui aurois rendu les derniers devoirs. »

« Madame, lui répondit celui qui s’étoit chargé de porter la parole, la nature du mal auquel le prince a succombé étoit telle, et la chaleur