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LES MILLE ET UNE NUITS,

« Nous ne vous prions que d’une seule chose, répondirent les deux princes : c’est de bien assurer le roi notre père, à votre retour, que nous mourons innocens, mais que nous ne lui imputons pas l’effusion de notre sang. En effet, nous savons qu’il n’est pas bien informé de la vérité du crime dont nous sommes accusés. » Giondar leur promit qu’il n’y manqueroit pas, et en même temps il tira son sabre. Son cheval, qui étoit lié à un arbre près de lui, épouvanté de cette action et de l’éclat du sabre, rompit sa bride, s’échappa, et se mit à courir de toute sa force par la campagne.

C’étoit un cheval de grand prix et richement harnaché, que Giondar auroit été bien tâché de perdre. Troublé de cet accident, au lieu de couper la tête aux princes, il jeta le sabre et courut après le cheval pour le rattraper.

Le cheval, qui étoit vigoureux, fit plusieurs caracoles devant Giondar, et il le mena jusqu’à un bois où il se jeta. Giondar l’y suivit, et le hennis-