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CONTES ARABES.

jour d’auparavant, et que ce que la reine sa mère venoit de lui dire, lui faisoit comprendre qu’elle n’étoit pas moins criminelle que la reine Badoure, il alla lui faire un reproche obligeant de sa discrétion, et mêler sa douleur avec la sienne.

Les deux reines au désespoir d’avoir trouvé dans les deux princes une vertu qui devoit les faire rentrer en elles-mêmes, renoncèrent à tous les sentimens de la nature et de mère, et concertèrent ensemble de les faire périr. Elles firent accroire à leurs femmes qu’ils avoient entrepris de les forcer : elles en firent toutes les feintes par leurs larmes, par leurs cris et par les malédictions qu’elles leur donnoient, et se couchèrent dans un même lit, comme si la résistance qu’elles feignirent aussi d’avoir faite, les eût réduites aux abois…

Mais, Sire, dit ici Scheherazade, le jour paroît et m’impose silence. Elle se tut, et la nuit suivante elle poursuivit la même histoire, et dit au sultan des Indes :