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LES MILLE ET UNE NUITS,

rendre le billet au prince Assad à la sortie du conseil, où il venoit de présider à son tour. Le prince le prit, et en le lisant, il se laissa emporter à la colère si vivement, que sans se donner le temps d’achever, il tira son sabre et punit la vieille comme elle le méritoit. Il courut à l’appartement de la reine Haïatalnefous, sa mère, le billet à la main ; il voulut le lui montrer, mais elle ne lui en donna pas le temps, ni même celui de parler. « Je sais ce que vous me voulez, s’écria-t-elle, et vous êtes aussi impertinent que votre frère Amgiad. Retirez-vous, et ne paroissez jamais devant moi. »

Assad demeura interdit à ces paroles, auxquelles il ne s’étoit pas attendu, et elles le mirent dans un transport dont il fut sur le point de donner des marques funestes ; mais il se retint et se retira sans répliquer, de crainte qu’il ne lui échappât de dire quelque chose d’indigne de sa grandeur d’âme. Comme le prince Amgiad avoit eu la retenue de ne lui rien dire du billet qu’il avoit reçu le