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CONTES ARABES.

procédoit de l’excès de celle qu’elles conservoient toujours l’une pour l’autre. Mais à mesure que les princes avancèrent en âge, elle se tourna peu-à-peu en une forte inclination, et cette inclination en un amour des plus violens, lorsqu’ils parurent à leurs yeux avec des grâces qui achevèrent de les aveugler. Toute l’infamie de leur passion leur étoit connue ; elles firent aussi de grands efforts pour y résister ; mais la familiarité avec laquelle elles les voyoient tous les jours, et l’habitude de les admirer dès leur enfance, de les caresser, dont il n’étoit plus en leur pouvoir de se défaire, les embrasèrent d’amour à un point qu’elles en perdirent le sommeil, le boire et le manger. Pour leur malheur, et pour le malheur des princes mêmes, les princes accoutumés à leurs manières n’eurent pas le moindre soupçon de cette flamme détestable.

Comme les deux reines ne s’étoient pas fait un secret de leur passion, et qu’elles n’avoient pas le front de le