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CONTES ARABES.

droit la chose d’une autre manière. Elle ne savoit pas depuis quel temps ce prince étoit de retour ; et quoiqu’elle lui connût le penchant à la jalousie, elle ne craignoit rien de ce côté-là. Cependant la vue du grand visir et des soldats la fit trembler, non pour elle à la vérité, mais pour Ganem. Elle ne douta point qu’elle ne se justifiât, pourvu que le calife voulût bien l’entendre. À l’égard de Ganem qu’elle chérissoit moins par reconnoissance que par inclination, elle prévoyoit que son rival irrité voudroit le voir, et pourroit le condamner sur sa jeunesse et sa bonne mine. Prévenue de sa pensée, elle se retourna vers le jeune marchand : « Ah, Ganem, lui dit-elle, nous sommes perdus ! C’est vous et moi que l’on cherche. » Il regarda aussitôt par la jalousie, et fut saisi de frayeur, lorsqu’il aperçut les gardes du calife, le sabre nud, et le grand visir avec le juge de police à leur tête. À cette vue, il demeura immobile, et n’eut pas la force de