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CONTES ARABES.

fait les obsèques de sa rivale avec tant de pompe ; et comme il étoit naturellement soupçonneux, il se défia de la générosité de sa femme, et pensa que sa maîtresse pouvoit n’être pas morte ; que Zobéïde, profitant de sa longue absence, l’avoit peut-être chassée du palais, avec ordre à ceux qu’elle avoit chargés de sa conduite, de la mener si loin, que l’on n’entendît jamais parler d’elle. Il n’eut pas d’autre soupçon ; car il ne croyoit pas Zobéïde assez méchante pour avoir attenté à la vie de sa favorite.

Pour s’éclaircir par lui-même de la vérité, ce prince commanda qu’on ôtât la représentation, et fit ouvrir la fosse et la bière en sa présence ; mais dès qu’il eut vu le linge qui enveloppoit la pièce de bois, il n’osa passer outre. Ce religieux calife craignit d’offenser la religion en permettant que l’on touchât au corps de la défunte ; et cette scrupuleuse crainte l’emporta sur l’amour et sur la curiosité. Il ne douta plus de la mort de Tourmente.