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LES MILLE ET UNE NUITS,

passoit si agréablement le temps chez Ganem, Zobéïde n’étoit pas sans embarras au palais d’Haroun Alraschild.

Les trois esclaves, ministres de sa vengeance, n’eurent pas plutôt enlevé le coffre, sans savoir ce qu’il y avoit dedans, ni même sans avoir la moindre curiosité de l’apprendre, comme gens accoutumés à exécuter aveuglément ses ordres, qu’elle devint la proie d’une cruelle inquiétude. Mille importunes réflexions vinrent troubler son repos. Elle ne put goûter un moment la douceur du sommeil ; elle passa la nuit à rêver aux moyens de cacher son crime. « Mon époux, disoit-elle, aime Tourmente plus qu’il n’a jamais aimé aucune de ses favorites. Que lui répondrai-je à son retour, lorsqu’il me demandera de ses nouvelles ? » Il lui vint dans l’esprit plusieurs stratagêmes ; mais elle n’en étoit pas contente : elle y trouvoit toujours des difficultés, et elle ne savoit à quoi se déterminer. Elle avoit auprès d’elle une vieille dame qui l’avoit élevée dès sa plus tendre