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CONTES ARABES.

sens si considérables, que je me suis vue plus riche qu’aucune reine qu’il y ait au monde. Vous jugez bien par-là que Zobéïde, femme et parente du calife, n’a pu voir mon bonheur sans en être jalouse. Quoique Haroun ait pour elle toutes les considérations imaginables, elle a cherché toutes les occasions possibles de me perdre. Jusqu’à présent je m’étois assez bien garantie de ses piéges ; mais enfin j’ai succombé au dernier effort de la jalousie, et sans vous je serois à l’heure qu’il est dans l’attente d’une mort inévitable. Je ne doute pas qu’elle n’ait corrompu une de mes esclaves, qui me présenta hier au soir dans de la limonade une drogue qui cause un assoupissement si grand, qu’il est aisé de disposer de ceux à qui l’on en fait prendre ; et cet assoupissement est tel, que pendant sept ou huit heures rien n’est capable de le dissiper. J’ai d’autant plus de sujet de faire ce jugement, que j’ai le sommeil naturellement très-léger, et que je m’éveille au moindre bruit. Zobéïde, pour