Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IV.djvu/492

Cette page a été validée par deux contributeurs.
482
LES MILLE ET UNE NUITS,

Ganem prit le voile et lut ces mots : « Je suis à vous, et vous êtes à moi, ô descendant de l’oncle du prophète ! » Ce descendant de l’oncle du prophète étoit le calife Haroun Alraschild, qui régnoit alors, et qui descendoit d’Abbas, oncle de Mahomet.

Quand Ganem eut compris le sens de ces paroles : « Ah, madame, s’écria-t-il tristement, je viens de vous donner la vie, et voilà une écriture qui me donne la mort ! Je n’en comprends pas tout le mystère ; mais elle ne me fait que trop connoître que je suis le plus malheureux de tous les hommes. Pardonnez-moi, madame, la liberté que je prends de vous le dire. Je n’ai pu vous voir sans vous donner mon cœur ; vous n’ignorez pas vous-même qu’il n’a pas été en mon pouvoir de vous le refuser ; et c’est ce qui rend excusable ma témérité. Je me proposois de toucher le vôtre par mes respects, mes soins, mes complaisances, mes assiduités, mes soumissions, par ma constance ;