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CONTES ARABES.

ramide de tous les fruits qu’il avoit achetés ; et les servant lui-même à la dame dans un bassin de porcelaine très-fine : « Madame, lui-dit-il, en attendant un repas plus solide et plus digne de vous, choisissez de grâce, prenez quelques-uns de ces fruits. » Il vouloit demeurer debout ; mais elle lui dit qu’elle ne toucheroit à rien qu’il ne fût assis, et qu’il ne mangeât avec elle. Il obéit ; et après qu’ils eurent mangé quelques morceaux, Ganem remarquant que le voile de la dame qu’elle avoit mis auprès d’elle sur le sofa, avoit le bord brodé d’une écriture en or, lui demanda de voir cette broderie. La dame mit aussitôt la main sur le voile et le lui présenta, en lui demandant s’il savoit lire. « Madame, répondit-il d’un air modeste, un marchand feroit mal ses affaires, s’il ne savoit au moins lire et écrire. » « Hé bien, reprit-elle, lisez les paroles qui sont écrites sur ce voile ; aussi-bien c’est une occasion pour moi de vous raconter mon histoire. »