Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IV.djvu/489

Cette page a été validée par deux contributeurs.
479
CONTES ARABES.

tit agité en suivant de loin le muletier, et la crainte qu’il n’arrivât en chemin quelqu’accident qui lui fit perdre sa conquête, lui apprirent à démêler ses sentimens. Sa joie fut extrême, lorsqu’étant arrivé heureusement chez lui, il vit décharger le coffre. Il renvoya le muletier ; et ayant fait fermer par un de ses esclaves la porte de sa maison, il ouvrit le coffre, aida la dame à en sortir, lui présenta la main, et la conduisit à son appartement, en la plaignant de ce qu’elle devoit avoir souffert dans une si étroite prison. « Si j’ai souffert, dit-elle, j’en suis bien dédommagée par ce que vous avez fait pour moi, et par le plaisir que je sens à me voir en sûreté. »

L’appartement de Ganem, tout richement meublé qu’il étoit, attira moins les regards de la dame, que la taille et la bonne mine de son libérateur, dont la politesse et les manières engageantes lui inspirèrent une vive reconnoissance. Elle s’assit sur un sofa ; et pour commencer à faire connoître au marchand combien elle