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CONTES ARABES.

engagé dans cette méchante affaire avec tant d’inconsidération, mit pied à terre avec un grand regret. La vieille fut prompte à se saisir de la bride et à débrider la cavale, et encore plus à prendre dans la main de l’eau d’un ruisseau qui couloit au milieu de la rue, et de la jeter sur la cavale, en prononçant ces paroles : « Ma fille, quittez cette forme étrangère, et reprenez la vôtre. »

Le changement se fit en un moment ; et le roi Beder qui s’évanouit dès qu’il vit paroître la reine Labe devant lui, fût tombé par terre, si le vieillard ne l’eût retenu.

La vieille qui étoit mère de la reine Labe, et qui l’avoit instruite de tous les secrets de la magie, n’eut pas plutôt embrassé sa fille, pour lui témoigner sa joie, qu’en un instant elle fit paroître par un sifflement un génie hideux, d’une figure et d’une grandeur gigantesque. Le génie prit aussitôt le roi Beder sur une épaule, embrassa la vieille et la reine magicienne de l’autre, et les transporta en