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CONTES ARABES.

au moins quelqu’émotion à des paroles capables de faire un changement si étrange ? Mais, madame, laissons là ce discours, et puisque j’ai mangé de votre gâteau, faites-moi la grâce de goûter du mien. »

La reine Labe, qui ne pouvoit mieux se justifier qu’en donnant cette marque de confiance au roi de Perse, rompit un morceau de gâteau et le mangea. Dès qu’elle l’eut avalé, elle parut toute troublée et elle demeura comme immobile. Le roi Beder ne perdit pas de temps ; il prit de l’eau du même bassin, et en la lui jetant au visage :

« Abominable magicienne, s’écria-t-il, sors de cette figure, et change-toi en cavale. »

Au même moment, la reine Labe fut changée en une très-belle cavale ; et sa confusion fut si grande de se voir ainsi métamorphosée, qu’elle répandit des larmes en abondance. Elle baissa la tête jusqu’aux pieds du roi Beder, comme pour le toucher de compassion. Mais quand il eût