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LES MILLE ET UNE NUITS,

teau cette nuit : c’est pour vous en faire manger, n’en doutez pas ; mais gardez-vous d’en goûter. Ne laissez pas cependant d’en prendre quand elle vous en présentera, et au lieu d’en mettre à la bouche, faites en sorte de manger à la place, d’un des deux que je viens de vous donner, sans qu’elle s’en aperçoive. Dès qu’elle aura cru que vous aurez avalé du sien, elle ne manquera pas d’entreprendre de vous métamorphoser en quelqu’animal. Elle n’y réussira pas, et elle tournera la chose en plaisanterie, comme si elle n’eût voulu le faire que pour rire, et vous faire un peu de peur, pendant qu’elle en aura un dépit mortel dans l’âme, et qu’elle s’imaginera avoir manqué en quelque chose dans la composition de son gâteau. Pour ce qui est de l’autre gâteau, vous lui en ferez présent, et vous la presserez d’en manger. Elle en mangera, quand ce ne seroit que pour vous faire voir qu’elle ne se méfie pas de vous, après le sujet qu’elle vous aura donné de vous