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CONTES ARABES.

heureux dans cet état, qu’il ne savoit où il étoit, ni en quelle partie du monde le royaume de Perse étoit situé. Quand il l’eût su, et qu’il eût assez connu la force de ses ailes pour hasarder à traverser tant de mers, et à s’y rendre, qu’eût-il gagné autre chose, que de se trouver dans la même peine et dans la même difficulté où il étoit, d’être connu non pas pour roi de Perse, mais même pour un homme ? Il fut contraint de demeurer où il étoit, de vivre de la même nourriture que les oiseaux de son espèce, et de passer la nuit sur un arbre.

Au bout de quelques jours, un paysan fort adroit à prendre des oiseaux aux filets, arriva à l’endroit où il étoit, et eut une grande joie quand il eut aperçu un si bel oiseau, d’une espèce qui lui étoit inconnue, quoiqu’il y eut de longues années qu’il chassoit aux filets. Il employa toute l’adresse dont il étoit capable, et il prit si bien ses mesures qu’il prit l’oiseau. Ravi d’une si bonne capture,