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LES MILLE ET UNE NUITS,

pour retourner au royaume de Perse, il se sauva dans la même isle où la princesse Giauhare s’étoit sauvée.

Comme ce prince étoit hors de lui-même, il alla s’asseoir au pied d’un grand arbre qui étoit environné de plusieurs autres. Dans le temps qu’il reprenoit ses esprits, il entendit que l’on parloit : il prêta aussitôt l’oreille ; mais comme il étoit un peu trop éloigné pour rien comprendre de ce que l’on disoit, il se leva, et en s’avançant, sans faire de bruit, du côté d’où venoit le son des paroles, il aperçut entre des feuillages une beauté dont il fut ébloui. « Sans doute, dit-il en lui-même en s’arrêtant, et en la considérant avec admiration, que c’est la princesse Giauhare, que la frayeur a peut-être obligée d’abandonner le palais du roi son père ; si ce n’est pas elle, elle ne mérite pas moins que je l’aime de toute mon âme. » Il ne s’arrêta pas davantage, il se fit voir ; et en s’approchant de la princesse avec une profonde révérence : « Madame, lui dit-il, je ne