Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IV.djvu/344

Cette page a été validée par deux contributeurs.
334
LES MILLE ET UNE NUITS,

plainte, que vous devez oublier avec nous ; et faites-nous part de tout ce qui vous est arrivé depuis un si long temps que nous ne vous avons vue, et de l’état où vous êtes présentement ; sur toute chose marquez-nous si vous êtes contente. »

La reine Gulnare se jeta aussitôt aux pieds de la reine sa mère ; et après qu’elle lui eut baisé la main en se relevant : « Madame, reprit-elle, j’ai commis une grande faute, je l’avoue, et je ne suis redevable qu’à votre bonté, du pardon que vous voulez bien m’en accorder. Ce que j’ai à vous dire, pour vous obéir, vous fera connoître que c’est en vain bien souvent qu’on a de la répugnance pour de certaines choses. J’ai éprouvé par moi-même que la chose à quoi ma volonté étoit la plus opposée, est justement celle où ma destinée m’a conduite malgré moi. » Elle lui raconta tout ce qui lui étoit arrivé depuis que le dépit l’avoit portée à se lever du fond de la mer pour venir sur la terre. Lorsqu’elle