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CONTES ARABES.

faire, il ne me donna que des sujets de me louer de lui.

» Pour ce qui est de votre Majesté, continua la princesse Gulnare, si elle n’eût eu pour moi toutes les considérations dont je lui suis obligée ; si elle ne m’eût donné tant de marques d’amour, avec une sincérité dont je n’ai pu douter ; que sans hésiter elle n’eut pas chassé toutes ses femmes, je ne feins pas de le dire : je ne serois pas demeurée avec elle. Je me serois jetée dans la mer par cette fenêtre, où elle m’aborda la première fois qu’elle me vit dans cet appartement, et je serois allée retrouver mon frère, ma mère et mes parens. J’eusse même persévéré dans ce dessein, et je l’eusse exécuté, si après un certain temps j’eusse perdu l’espérance d’une grossesse. Je me garderois bien de le faire dans l’état où je suis. En effet, quoi que je pusse dire à ma mère et à mon frère, jamais ils ne voudroient croire que j’eusse été esclave d’un roi comme votre Majesté,