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CONTES ARABES.

obstant la manière et la froideur avec laquelle elle venoit de le recevoir, elle se laissa regarder, admirer, et même caresser et embrasser autant qu’il le souhaita.

Entre ces caresses et ces embrassemens, ce monarque s’arrêta pour la regarder, ou plutôt pour la dévorer des yeux. « Ma toute belle, ma charmante, ma ravissante, s’écria-t-il, dites-moi, je vous prie, d’où vous venez, d’où sont et qui sont l’heureux père et l’heureuse mère qui ont mis au monde un chef-d’œuvre de la nature aussi surprenant que vous êtes ? Que je vous aime et que je vous aimerai ! Jamais je n’ai senti pour une femme ce que je sens pour vous ; j’en ai cependant bien vues, et j’en vois encore un grand nombre tous les jours ; mais jamais je n’ai vu tant de charmes tout à-la-fois qui m’enlèvent à moi-même pour me donner tout à vous. Mon cher cœur, ajoutoit-il, vous ne me répondez rien ; vous ne me faites même connoître par aucune marque