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CONTES ARABES.

de jouer : « Ah, s’écria le calife, quelle voix, quelle main et quel jeu ! A-t-on jamais mieux chanté, mieux joué du luth ? Jamais on n’a rien vu ni entendu de pareil ! »

Noureddin, accoutumé de donner ce qui lui appartenoit à tous ceux qui en faisoient les louanges : « Pêcheur, reprit-il, je vois bien que tu t’y connois ; puisqu’elle te plaît si fort, c’est à toi, et je t’en fais présent. » En même temps il se leva, prit sa robe qu’il avoit quittée, et il voulut partir et laisser le calife, qu’il ne connoissoit que pour un pêcheur, en possession de la belle Persienne.

La belle Persienne, extrêmement étonnée de la libéralité de Noureddin, le retint : « Seigneur, lui dit-elle en le regardant tendrement, où prétendez-vous donc aller ? Remettez-vous à votre place, je vous en supplie, et écoutez ce que je vais jouer et chanter. » Il fit ce qu’elle souhaitoit ; et alors, en touchant le luth, et en le regardant les larmes aux yeux, elle chanta des vers qu’elle