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CONTES ARABES.

mander si vous n’en avez pas besoin. »

Noureddin et la belle Persienne furent ravis d’entendre parler de poisson. « Scheich Ibrahim, dit aussitôt la belle Persienne, je vous prie, faites-nous le plaisir de le faire entrer, que nous voyions son poisson. »

Scheich Ibrahim n’étoit plus en état de demander au prétendu pêcheur comment ni par où il étoit venu, il songea seulement à plaire à la belle Persienne. Il tourna donc la tête du côté de la porte avec bien de la peine, tant il avoit bu, et dit en bégayant au calife, qu’il prenoit pour un pêcheur : « Approche, bon voleur de nuit, approche qu’on te voie. »

Le calife s’avança en contrefaisant parfaitement bien toutes les manières d’un pêcheur, et présenta les deux poissons. « Voilà de fort beau poisson, dit la belle Persienne ; j’en mangerois volontiers, s’il étoit cuit et bien accommodé. » « Madame a raison, reprit Scheich Ibrahim, que veux-tu que nous fassions de ton poisson, s’il n’est accommodé ? Va, accommode--