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CONTES ARABES.

de cette conjoncture pour son dessein, vint au même endroit. Nonobstant son déguisement, le pêcheur le reconnut, et se jeta aussitôt à ses pieds en lui demandant pardon, et en s’excusant sur sa pauvreté. « Relève-toi, et ne crains rien, reprit le calife, tire seulement tes filets, que je voie le poisson qu’il y aura. »

Le pêcheur rassuré exécuta promptement ce que le calife souhaitoit, et il amena cinq ou six beaux poissons, dont le calife choisit les deux plus gros, qu’il fit attacher ensemble par la tête avec un brin d’arbrisseau. Il dit ensuite au pêcheur : « Donne-moi ton habit, et prends le mien. » L’échange se fit en peu de momens ; et dès que le calife fut habillé en pêcheur, jusqu’à la chaussure et au turban : « Prends tes filets, dit-il au pêcheur, et va faire tes affaires. »

Quand le pêcheur fut parti, fort content de sa bonne fortune, le calife prit les deux poissons à la main, et alla retrouver le grand visir Giafar et Mesrour. Il s’arrêta devant le grand vi-