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CONTES ARABES.

lon, le grand visir s’aperçut qu’elle étoit entr’ouverte, et l’en avertit. Scheich Ibrahim l’avoit laissée ainsi, lorsqu’il s’étoit laissé persuader d’entrer et de tenir compagnie à Noureddin et à la belle Persienne.

Le calife abandonna son premier dessein, il monta à la porte du salon sans faire de bruit ; et la porte étoit entr’ou verte, de manière qu’il pouvoit voir ceux qui étoient dedans sans être vu. Sa surprise fut des plus grandes, quand il eut aperçu une dame d’une beauté sans égale, et un jeune homme des mieux faits, avec Scheich Ibrahim assis à table avec eux. Scheich Ibrahim tenoit la tasse à la main : « Ma belle dame, disoit-il à la belle Persienne, un bon buveur ne doit jamais boire sans chanter la chansonnette auparavant. Faites-moi l’honneur de m’écouter : en voici une des plus jolies. »

Scheich Ibrahim chanta ; et le calife en fut d’autant plus étonné, qu’il avoit ignoré jusqu’alors qu’il bût du vin, et qu’il l’avoit cru un homme