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LES MILLE ET UNE NUITS,

rai toujours le temps de me réduire à la vie réglée dont vous me parlez ; un homme de mon âge doit se donner le loisir de goûter les plaisirs de la jeunesse. »

Ce qui contribua encore beaucoup à mettre les affaires de Noureddin en désordre, fut qu’il ne vouloit pas entendre parler de compter avec son maitre-d’hôtel. Il le renvoyoit chaque fois qu’il se présentoit avec son livre : « Va, va, lui disoit-il, je me fie bien à toi ; aie soin seulement que je fasse toujours bonne chère. »

« Vous êtes le maître, Seigneur, reprenoit le maitre-d’hôtel. Vous voudrez bien néanmoins que je vous fasse souvenir du proverbe qui dit, que qui fait grande dépense et ne compte pas, se trouve à la fin réduit à la mendicité sans s’en être aperçu. Vous ne vous contentez pas de la dépense si prodigieuse de votre table, vous donnez encore à toute main. Vos trésors ne peuvent y suffire, quand ils seroient aussi gros que des montagnes. » « Va, te dis-je, lui répétoit