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CONTES ARABES.

ment en liberté. « Je ne doute pas, lui disoit-elle, que le visir votre père ne vous ait laissé de grandes richesses ; mais si grandes qu’elles puissent être, ne trouvez pas mauvais qu’une esclave vous représente que vous en verrez bientôt la fin, si vous continuez de mener cette vie. On peut quelquefois régaler ses amis et se divertir avec eux ; mais qu’on en fasse une coutume journalière, c’est courir le grand chemin de la dernière misère. Pour votre honneur et pour votre réputation, vous feriez beaucoup mieux de suivre les traces de feu votre père, et de vous mettre en état de parvenir aux charges qui lui ont acquis tant de gloire. »

Noureddin écoutoit la belle Persienne en riant ; et quand elle avoit achevé : « Ma belle, reprenoit-il en continuant de rire, laissons là ce discours, ne parlons que de nous réjouir. Feu mon père m’a toujours tenu dans une grande contrainte : je suis bien aise de jouir de la liberté après laquelle j’ai tant soupiré avant sa mort. J’au-