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CONTES ARABES.

Noureddin donna toutes les marques de la grande affliction que la perte qu’il venoit de faire, devoit lui causer ; il demeura long-temps sans voir personne. Un jour enfin il permit qu’on laissât entrer un de ses amis intimes. Cet ami tâcha de le consoler ; et comme il le vit disposé à l’écouter, il lui dit qu’après avoir rendu à la mémoire de son père tout ce qu’il lui devoit, et satisfait pleinement à tout ce que demandoit la bienséance, il étoit temps qu’il parut dans le monde, qu’il vît ses amis, et qu’il soutînt le rang que sa naissance et son mérite lui avoient acquis. « Nous pécherions, ajouta-t-il, contre les lois de la nature, et même contre les lois civiles, si lorsque nos pères sont morts, nous ne leur rendions pas les devoirs que la tendresse exige de nous, et l’on nous regarderoit comme des insensibles. Mais dès que nous nous en sommes acquittés, et qu’on ne peut nous en faire aucun reproche, nous sommes obligés de reprendre le même train qu’auparavant, et de vivre