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CONTES ARABES.

que la méchanceté de Saouy est des plus grandes, et qu’il est capable de donner à la chose le tour malin que vous venez de dire, s’il en avoit la moindre connoissance. Mais peut-il savoir, ni lui, ni personne, ce qui se passe dans l’intérieur de votre maison ? Quand on le soupçonneroit, et que le roi vous en parleroit, ne pouvez-vous pas dire qu’après avoir bien examiné l’esclave, vous ne l’avez pas trouvée aussi digne de sa Majesté qu’elle vous l’avoit paru d’abord ; que le marchand vous a trompé ; qu’elle est à la vérité d’une beauté incomparable, mais qu’il s’en faut beaucoup qu’elle ait autant d’esprit, et qu’elle soit aussi habile qu’on vous l’avoit vantée. Le roi vous en croira sur votre parole ; et Saouy aura la confusion d’avoir aussi peu réussi dans son pernicieux dessein, que tant d’autres fois qu’il a entrepris inutilement de vous détruire. Rassurez-vous donc ; et si vous voulez me croire, envoyez chercher les courtiers, marquez-leur que vous n’êtes pas content de la belle Per-