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CONTES ARABES.

Noureddin est entré dans votre chambre, et qu’il est demeuré seul avec vous ! Pouvoit-il nous arriver un plus grand malheur à lui et à moi ? »

« De grâce, madame, repartit la belle Persienne, quel malheur peut-il y avoir pour vous et pour Noureddin, dans ce que Noureddin a fait ? » « Comment, répliqua la femme du visir, mon mari ne vous a-t-il pas dit qu’il vous a achetée pour le roi ? Et ne vous avoit-il pas avertie de prendre garde que Noureddin n’approchât de vous ? »

« Je ne l’ai pas oublié, madame, reprit encore la belle Persienne ; mais Noureddin m’est venu dire que le visir son père avoit changé de sentiment, et qu’au lieu de me réserver pour le roi, comme il en avoit eu l’intention, il lui avoit fait présent de ma personne. Je l’ai cru, madame ; et esclave comme je suis, accoutumée aux lois de l’esclavage dès ma plus tendre jeunesse, vous jugez bien que je n’ai pu et que je n’ai pas dû m’opposer à sa volonté. J’ajouterai même que je l’ai fait avec