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LES MILLE ET UNE NUITS,

elles. Elles coururent au bain en faisant de grands cris, et annoncèrent à leur dame en pleurant, que Noureddin étoit entré dans la chambre de la belle Persienne malgré elles, et qu’il les avoit chassées.

La nouvelle d’une si grande hardiesse causa à la bonne dame une mortification des plus sensibles. Elle interrompit son bain, et s’habilla avec une diligence extrême. Mais avant qu’elle eût achevé, et qu’elle arrivât à la chambre de la belle Persienne, Noureddin en étoit sorti, et il avoit pris la fuite.

La belle Persienne fut extrêmement étonnée de voir entrer la femme du visir tout en pleurs, et comme une femme qui ne se possédoit plus. « Madame, lui dit-elle, oserois-je vous demander d’où vient que vous êtes si affligée ? Quelle disgrâce vous est arrivée au bain, pour vous avoir obligée d’en sortir sitôt ? »

« Quoi, s’écria la femme du visir, vous me faites cette demande d’un esprit tranquille, après que mon fils