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CONTES ARABES.

role : il proteste qu’il ne peut la donner, au dernier mot, à moins de dix mille pièces d’or. Il m’a même juré que sans compter ses soins, ses peines, et le temps qu’il y a qu’il l’élève, il a fait à peu près la même dépense pour elle, tant en maîtres pour les exercices du corps, et pour l’instruire et lui former l’esprit, qu’en habits et en nourriture. Comme il la jugea digne d’un roi, dès qu’il l’eut achetée dans sa première enfance, il n’a rien épargné de tout ce qui pouvoit contribuer à la faire arriver à ce haut rang. Elle joue de toutes sortes d’instrumens, elle chante, elle danse ; elle écrit mieux que les écrivains les plus habiles ; elle fait des vers ; il n’y a pas de livres enfin qu’elle n’ait lus. On n’a pas entendu dire que jamais esclave ait su autant de choses qu’elle en sait. »

Le visir Khacan, qui connoissoit le mérite de la belle Persienne beaucoup mieux que le courtier, qui n’en parloit que sur ce que le marchand lui en avoit appris, n’en voulut pas remettre le marché à un autre temps. Il envoya