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LES MILLE ET UNE NUITS,

sita s’il devoit entrer ou s’évader pour se délivrer du danger qu’il croyoit indubitable, et il alloit prendre ce parti, lorsque la dame se retourna et vit qu’il n’entroit pas. « Qu’avez-vous, que vous n’entrez pas chez vous, lui dit-elle ? » « C’est, madame, répondit-il, que je regardois si mon esclave ne revenoit pas, et que je crains qu’il n’y ait rien de prêt. » « Venez, venez, reprit-elle, nous attendrons mieux ici que dehors, en attendant qu’il arrive. »

Le prince Amgiad entra bien malgré lui dans une cour spacieuse et proprement pavée. De la cour il monta par quelques degrés à un grand vestibule, où ils aperçurent, lui et la dame, une grande salle ouverte, très-bien meublée, et dans la salle une table de mets exquis avec une autre chargée de plusieurs sortes de beaux fruits, et un buffet garni de bouteilles de vin.

Quand Amgiad vit ces apprêts, il ne douta plus de sa perte. « C’est fait de toi, pauvre Amgiad, dit-il en lui-même, tu ne survivras pas long-temps à ton cher frère Assad. » La dame au