Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/90

Cette page a été validée par deux contributeurs.
80
LES MILLE ET UNE NUITS,

lui racontai alors de quelle manière je m’étois sauvé, et par quelle aventure j’avais rencontré les palefreniers du roi Mihrage, qui m’avoient amené à sa cour.

» Il se sentit ébranlé de mon discours ; mais il fut bientôt persuadé que je n’étois pas un imposteur ; car arriva des gens de son navire qui me reconnurent et me firent de grands complimens, en me témoignant la joie qu’ils avoient de me revoir. Enfin, il me reconnut aussi lui-même ; et se jetant à mon cou : « Dieu soit loué, me dit-il, de ce que vous êtes heureusement échappé d’un si grand danger ; je ne puis assez vous marquer le plaisir que j’en ressens. Voilà votre bien, prenez-le, il est à vous : faites-en ce qu’il vous plaira. » Je le remerciai, je louai sa probité ; et pour la reconnoître, je le priai d’accepter quelques marchandises que je lui présentai ; mais il les refusa.

» Je choisis ce qu’il y avoit de plus précieux dans mes ballots, et j’en fis présent au roi Mihrage. Comme ce