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CONTES ARABES.

ôte ordinairement nos biens ou nos amis, ou nos amans, et souvent le tout ensemble. » En même temps pour me prouver ce qu’elle me disoit, elle me raconta la perte du jeune prince, causée par la jalousie de ses deux sœurs. Elle m’apprit ensuite de quelle manière elles avoient été changées en chiennes. Enfin, après m’avoir donné mille marques d’amitié, elle me présenta ma cadette, qui s’étoit retirée chez elle après la mort de notre mère.

» Ainsi, remerciant Dieu de nous avoir toutes trois rassemblées, nous résolûmes de vivre libres sans nous séparer jamais. Il y a long-temps que nous menons cette vie tranquille ; et comme je suis chargée de la dépense de la maison, je me fais un plaisir d’aller moi-même faire les provisions dont nous avons besoin. J’en allai acheter hier, et les fis apporter par un porteur, homme d’esprit et d’humeur agréable, que nous retînmes pour nous divertir. Trois Calenders survinrent au commencement de la