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LES MILLE ET UNE NUITS,

trices que vous vîtes hier, contre mon intention, me sont restées depuis. Dès que je fus en état de marcher et de sortir, je voulus retourner à la maison que j’avois eue de mon premier mari ; mais je n’y trouvai que la place. Mon second époux, dans l’excès de la colère, ne s’étoit pas contenté de la faire abattre, il avoit fait même raser toute la rue où elle étoit située. Cette violence étoit sans doute inouie ; mais contre qui aurois-je fait ma plainte ? L’auteur avoit pris des mesures pour se cacher, et je n’ai pu le connoître. D’ailleurs, quand je l’aurois connu, ne voyois-je pas bien que le traitement qu’on me faisoit, partoit d’un pouvoir absolu ? Aurois-je osé m’en plaindre ?

» Désolée, dépourvue de toutes choses, j’eus recours à ma chère sœur Zobéïde, qui vient de raconter son histoire à votre majesté, et je lui fis le récit de ma disgrâce. Elle me reçut avec sa bonté ordinaire, et m’exhorta à la supporter patiemment. « Voilà quel est le monde, dit-elle, il nous