Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.
47
CONTES ARABES.

paiser : « Mon fils, lui dit-elle, pour prix de vous avoir nourri et élevé, je vous conjure de m’accorder sa grâce. Considérez que l’on tue celui qui tue, et que vous allez flétrir votre réputation, et perdre l’estime des hommes. Que ne diront-ils point d’une colère si sanglante ? » Elle prononça ces paroles d’un air si touchant, et elle les accompagna de tant de larmes, qu’elles firent une forte impression sur mon époux. « Hé bien, dit-il à sa nourrice, pour l’amour de vous je lui donne la vie. Mais je veux qu’elle porte des marques qui la fassent souvenir de son crime. »

» À ces mots, un esclave par son ordre, me donna de toute sa force sur les côtes et sur la poitrine, tant de coups d’une petite canne pliante qui enlevoit la peau et la chair, que j’en perdis connoissance. Après cela, il me fit porter par les mêmes esclaves, ministres de sa fureur, dans une maison où la vieille eut grand soin de moi. Je gardai le lit quatre mois. Enfin je guéris ; mais les cica-