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LES MILLE ET UNE NUITS,

cœur, et qui me manquent de foi. » Comme il vit que l’esclave ne se hâtoit pas d’obéir : « Frappe donc, continua-t-il. Qui t’arrête ? Qu’attends-tu ? » « Madame, me dit alors l’esclave, vous touchez au dernier moment de votre vie : voyez s’il y a quelque chose dont vous vouliez disposer avant votre mort. »

» Je demandai la liberté de dire un mot. Elle me fut accordée. Je soulevai la tête, et regardant mon époux bien tendrement : « Hélas, lui dis-je, en quel état me voilà réduite ! Il faut donc que je meure dans mes plus beaux jours. » Je voulois poursuivre ; mais mes larmes et mes soupirs m’en empêchèrent. Cela ne toucha pas mon époux. Au contraire, il me fit des reproches, auxquels il eût été inutile de repartir. J’eus recours aux prières ; mais il ne les écouta pas, et il ordonna à l’esclave de faire son devoir. En ce moment la vieille dame qui avoit été nourrice de mon époux, entra ; et se jetant à ses pieds pour tâcher de l’a-