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LES MILLE ET UNE NUITS,

» Cette raison mit mon mari en colère. « Cette action, me dit-il, ne demeurera pas impunie. Je donnerai demain ordre au lieutenant de police d’arrêter tous ces brutaux de porteurs, et de les faire tous pendre. » Dans la crainte que j’eus d’être cause de la mort de tant d’innocens, je lui dis : « Seigneur, je serois fâchée qu’on fit une si grande injustice ; gardez-vous bien de la commettre : je me croirois indigne de pardon, si j’avois causé ce malheur. » « Dites-moi donc sincèrement, reprit-il, ce que je dois penser de votre blessure. »

» Je lui repartis qu’elle m’avoit été faite par l’inadvertance d’un vendeur de balais monté sur son âne ; qu’il venoit derrière moi, la tête tournée d’un autre côté ; que son âne m’avoit poussée si rudement, que j’étois tombée, et que j’avois donné de la joue contre du verre. « Cela étant, dit alors mon mari, le soleil ne se lèvera pas demain, que le grand visir Giafar ne soit averti de cette insolence. Il fera mourir tous ces mar-