Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/518

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plaire. Elle s’en aperçut ; elle ne demandoit pas mieux elle-même que d’en sortir. La reconnoissance seule la retenoit auprès de Zobéïde. Mais elle avoit de l’esprit, et elle représenta si bien à sa maîtresse la contrainte où j’étois de ne pas vivre dans la ville avec les gens de ma condition, comme j’avois toujours fait, que cette bonne princesse aima mieux se priver du plaisir d’avoir auprès d’elle sa favorite, que de ne lui pas accorder ce que nous souhaitions tous deux également.

» C’est pourquoi, un mois après notre mariage, je vis paroître mon épouse avec plusieurs eunuques qui portoient chacun un sac d’argent. Quand ils se furent retirés : « Vous ne m’avez rien marqué, dit-elle, de l’ennui que vous cause le séjour de la cour ; mais je m’en suis fort bien aperçue, et j’ai heureusement trouvé moyen de vous rendre content. Zobéïde, ma maîtresse, nous permet de nous retirer du palais, et voilà cinquante mille sequins dont elle nous